et bien entendu avec un inconnu…
♦ Varadero…♦
Pour comprendre l’état d’esprit dans lequel je me trouvais le soir à Varadero, dans le hall de l’hôtel Arenas Doradas, en train de chercher des informations sur ce qu’on pouvait visiter dans les environs, lisez le post “Quelques déboires à la Havane“.
Donc, j’étais tranquillement en train de feuilleter des brochures quand un homme surgit. La cinquantaine, en bermuda, un touriste, décontracté, grand sourire, prêt à dégainer sa petite phrase d’approche.
“Qu’est-ce qu’il me veut celui-là encore” me dis-je… “Trop tard pour me cacher…”
On discute tout en restant accoudés au comptoir. Il est commandant de police au Canada, divorcé, un enfant (une fille d’à peu près mon âge). Je lui raconte mes 3 derniers jours, blasée. Au bout de 45 minutes, il me propose de prendre un verre. Là “alerte rouge”, mes voyants vert-rouge-jaune-paillettes se sont allumés. Tant que la conversation se tenait debout, elle restait purement informelle, là c’est clairement une invitation…
Je refuse et me retire poliment prétextant que je suis barbouillée, ce qui n’est pas faux, un petit mal de bide s’est pointé et l’envie de m’allonger se fait sentir. Il me propose de m’accompagner à mon bungalow, ce qui me contrarie car il va savoir où je loge…
La nuit fut épique…
dans mon ventre.
Allez-retours aux toilettes, j’ai quasi pas dormi car une petite gastro s’est dit ce soir-là “Oh tiens et si j’allais bousiller la nuit d’Aurée, histoire d’en rajouter une couche et qu’elle ait encore une anecdote à raconter… allez…“.
J’ai trouvé le sommeil vers 7 h du mat’. Quand le téléphone sonna.
– “Putain… Maintenant que j’ai enfin réussi à dormir quel est le con…” (je deviens de plus en plus vulgaire dans ce pays…)
Alors je décroche. Et là, une voix de pervers… je ne suis pas très bien réveillée, j’ai peur, je raccroche immédiatement. Juste après, je me rends compte qu’il doit s’agir du canadien rencontré hier, avec son accent “tabernacle” au téléphone, ça faisait très vicelard. D’ailleurs j’ai rien compris de ce qu’il m’a dit tellement j’étais dans les choux. Je commence à un peu flipper.
15 minutes après, on frappe à ma porte. Là, réaction je me lève et vite je vais fermer les rideaux pour ne pas qu’on remarque ma présence. Les coups insistent.
Moi, je m’enfonce sous mon drap comme pour me réfugier. Et puis ça s’arrête. Enfin.
10 minutes après, une clé tourne et la porte s’ouvre. Je vois la femme de ménage entrer. Elle me regarde et s’en va. Là, je me relève du lit un peu à moitié à poil quand le canadien débarque avec un gilet rouge ouvert avec 36000 médicaments est une big trousse à pharmacie. Sérieusement, j’aurais bien voulu une caméra cachée pour immortaliser ma tronche à ce moment-là. Il était devenu une sorte de David Hasselhoff sorti de la série culte “Alerte à Malibu” qui allait me sauver la life.
– “J’ai été infirmier dans une précédente vie et comme tu n’allais pas bien hier je m’inquiétais beaucoup…“.
N’empêche que ses médocs étaient 10 fois plus efficaces que ceux achetés en pharmacie avant mon départ pour contrer la diarrhée.
Le lendemain, j’allais beaucoup mieux.
Et je revis mon canadien barboter à la piscine.
ll avait envie de louer une caisse pour aller à Trinidad, ville dont j’avais beaucoup parlé le premier soir de notre rencontre. C’était quand même dans les 200 euros la location d’une voiture pour 5 jours. C’était un peu cher pour moi. Je lui fis comprendre que bon comme j’ai été malade je préférais rester à Varadero. En fait dans ma tête, je me disais “Fini les conneries, hein. Je le connais pas ce mec. Je vais pas partir sur les routes obscures et sombres avec un inconnu“.
Je dis donc mon tout premier “NON” à Cuba. Historique, quoi.
♦ Départ sur un coup de tête… ♦
Le jour de son départ, je me suis levée hyper tôt : 7h car j’avais enfin faim après 2 jours de quasi jeûne. Je suis donc allée prendre le petit déjeuner et là, je le croise.
– Ah tu as changé d’avis, tu viens avec moi !
– Euh non, je vais manger, j’ai la dalle.
– Ah car je suis prêt à partir…
– Bonne route alors !
Je le recroise en sortant de la salle du restaurant… décidément. Il m’a collé une balise GPS le gars…
– Tiens tu n’es pas encore parti ?
– Non, le temps de gérer les papiers de la location de la voiture. Je dois attendre encore un peu là.
Par politesse, j’attends avec lui.
– Tu ne veux vraiment pas venir ? me demande-t-il.
Méfiante, je n’avais pas envie de partir avec un inconnu, un vieux en plus. Et je voyais déjà défiler la ligne sur la bande passante des programmes de BFMTV : “CUBA : disparition d’une jeune femme française“…
– Tu sais, tu as raison. J’aimerais que ma fille réagisse comme toi. Je n’aimerais pas qu’elle parte avec le premier inconnu, c’est très sain de ta part. Je ne vais pas coucher avec toi, ça ne m’intéresse pas. C’est surtout plus sympa d’être à deux sur les routes que seul. Et c’est moi qui paye la location, tu n’aurais rien à payer.
– Mmmhhh…
Depuis que j’avais retrouvé l’appétit et mes forces, je me disais “Mais qu’est-ce que je vais faire coincée à Varadero, y a rien à faire“. J’hésitais. Une partie de moi avait envie de découvrir Trinidad, une autre partie voulait zéro prise de risque.
– Alors ?
Je devais avoir l’air hésitante pour qu’il me repose la question. Et puis, il y a des moments, où tu ne réfléchis plus, tu te lèves et tu dis :
– Laisse-moi 15 minutes pour faire mon sac.
Et je suis partie en courant me préparer tout en me disant surprise : “Qu’est-ce que je viens de dire, mais d’où il sort ce oui ? J’ai jamais voulu dire oui ? On avait dit non ? Eh oh là-dedans, les 36 personnes qui m’habitent ? Qui a dit oui ? On avait dit non ! Qui a dit oui là merde ?!”.
Ça ne vous ai jamais arrivé de vous surprendre à dire quelque chose dont vous pensez le contraire ?
Après, tout s’est merveilleusement bien passé. On a fait un trajet Càrdenas-Perico- Santa Clara- Cienfuegos-Trinidad.
C’était le festival des expressions canadiennes. J’ai le souvenir d’une où il fallait soulager en gros le gant de boxe, comprendre “faire pipi”. Un truc de flic je crois…
Il s’est comporté comme un prince, il a refusé que je paye quoi que ce soit. C’était une manière de rééquilibrer mes pertes de mes premiers jours me disait-il pour ne pas me gêner sans doute. Un vrai ange-gardien… et commandant de police donc avec lui j’étais sous protection rapprochée la nuit et sur les routes où on a eu quelques frayeurs (mais maman ça va tout s’est bien passé 🙂
Pour conclure ce billet, je finirais par une citation de mon ange-gardien canadien :
“Il faut valider ses impressions avant de donner sa confiance”
dixit mon commandant de police
Map…
♦ Càrdenas ♦
♦ Perico ♦
♦ Santa Clara ♦
♦ Route retour par les montagnes ♦
2 commentaires
Ouf, enfin il se passe quelque chose de sympa 😉 Rigolo le dialogue de tes voix intérieures 🙂
Il était temps… 🙂