Je suis une voyageuse solo et “sans voiture”. Alors pour me rendre à l’un des spots les plus hypes de Comporta, le restaurant Sal à la Praia do Pego, j’ai dû louer un vélo à 15 € la journée pour m’y rendre. Les bus sont rares…
Un seul établissement loue des vélos : “Cavalos na Areia“. Et ce n’est pas la porte à côté, à 3,8 km du village soit 47 minutes à pattes pour l’atteindre. Comporta n’est vraiment pas faite pour les voyageurs sans véhicule…
○ Le Vélo à Comporta ○
José Ribeira – le propriétaire de “Cavalos na Areia” qui propose surtout des promenades à cheval dans les dunes, les rizières et sur des kilomètres de plages désertes – m’orienta à prendre un chemin à travers les rizières. Je pensais suivre la route mais sa proposition promettait d’être une balade plus agréable que d’emprunter les voies bétonnées. Sur ses conseils avisés, je décidai donc de m’y aventurer. Le chemin s’avéra un peu boueux et chargé de sable. Vivement qu’il soit recouvert de terre sèche. Il faut dire que la presqu’île de Comporta est tapissée de sable. Des barbelés empêchent qu’ il se répande sur la route principale.
Même si j’appréciai le paysage, je me retrouvai forcée à descendre de vélo tellement je manquais de me casser la gueule. Mais à pied, je n’avancais pas assez vite et je fus envahie par une nuée de mouches. Les moustiques ne tardèrent pas à s’en mêler par-dessus le marché. Alors je remontai en selle pour me soustraire à la compagnie de ces envahisseurs. Mais ce que j’imaginais arriva : je finis par tomber tellement le sable m’empêchait d’avancer sur le chemin près de la rivière. Je continuais à pied et j’agitais mes mains devant ma figure à cause des mouches tout en me prenant des coups de pédales qui arrachèrent ma peau et peignirent des bleus sur mes jambes.
Je finis par être à bout entre les mouches, les moustiques et la pédale qui me rentrait dedans à cause de l’irrégularité du sol. En sueurs, j’en avais marre de ne pas voir la fin.
○ Chemin de traverse… ○
Je décidai d’arrêter de suivre le chemin et de couper pour rejoindre la route. Mais je n’aurais jamais douté que ça allait me prendre autant de temps. Je suivis un chemin qui me fit passer par la forêt de pinèdes. Au moins je ne transpirais plus, les arbres me rafraîchissaient un peu. Mais ce répit fut de courte durée : ça grimpe… et le terrain est toujours ensablé. Je me demande comment les arbres poussent…
Je croisai une maison perdue. Je priai pour qu’un chien ne me sauta pas dessus. J’étais un peu perdue au milieu de nulle part. Je décidai de continuer à monter sans suivre de chemin pour rejoindre la route. Je finis même par mettre le vélo sur l’épaule car il n’arrivait plus à avancer. J’étais épuisée. Mais l’envie de me barrer le plus vite possible de ce bourbier me donna des forces même si j’étais de plus en plus essoufflée. À un point où je fus déprimée de ne pas voir la fin du calvaire dans lequel je m’étais embourbée.
Je ne vous cache pas que j’ai fait des pauses à maintes reprises. J’étais à bout. Mentalement et physiquement. Une bonne heure que je pédalais dans la semoule. Et même en bifurquant dans la forêt, à l’abri du soleil mais pas des mouches, je me retrouvais dans le sable à grimper avec le vélo. Puis enfin, je vis la route. Halleluia !
Enfin c’était crier victoire un peu vite.
Les fils barbelés m’empêchaient de traverser. Alors, je les longea. Puis en apercevant une maison isolée, je me dis qu’ il allait bien y avoir une issue, “un passage sans fil” pour qu’une voiture puisse accéder à l’habitation. Je pris donc mon mal en patience. Mais au bout de 15 minutes, je désespérais de trouver une ouverture.
Je continuais donc à marcher dans le sable, le vélo à mes côté, longeant les barbelés avec la route à 10 mètres en contrebas. C’était rageant. Mais au bout de trente minutes, j’en eus plus qu’assez.
“Mais c’était quoi cet enfer ?” Mouches, moustiques, chemins ensablés et pleines de bleue et de griffures, je ne comprenais pas pourquoi Comporta était l’eldorado de la jet set ? Bon. Il est vrai qu’ils ne pédalent pas à vélo à travers la pampa portugaise pour se prendre des mouches dans la tronche. Posséder une villa perdue dans la cambrousse c’est un délire que je comprends pour ceux qui aspirent à la tranquillité monacale et la discrétion.
Bref, je me résolus à franchir les barbelés dès qu’ils étaient à mi-hauteur. Advienne que pourra…
Quand je vis enfin un endroit où ils étaient au plus bas, c’est-à-dire au niveau de ma taille, je balançai le vélo et mon sac à dos par-dessus. Ensuite j’essayai tant bien que mal de me hisser. Ce fut plus difficile que j’imaginais, ils étaient trop tendus pour les faire baisser. Alors il arriva ce qui devait arriver : je me pris les barbelés dans la peau avant la chute (J’étais en short). Évidemment je me fis mal sinon c’est pas drôle. Bref, mes jambes étaient dans un sale état entre bleus, boues, piqûres et égratignures en sang. Il suffisait de ne plus les regarder pour descendre le talus et me dire : “Jusqu’ici tout va bien“. Au bout de presque 1h30 heures, je fis enfin du vélo…
○ Arrivée…○
J’étais crevée. J’appréhendais le retour. Quand je finis par trouver la plage et le restaurant après quelques détours, sinon c’était pas drôle, j’aurais dû éclater de joie. Au lieu de ça, je me suis posée, épuisée de mon périple. Je n’avais même plus envie de manger au restaurant. Il ne méritait pas que je paye une addition salée après tous ses efforts partout pour y parvenir. Quasi 3 heures… Alors que les gens “normaux” prennent leur bagnole, mettent 16 minutes, arrivent classes, parfumés et sans sueur. Décidément, je ne vivais pas dans le même monde et Comporta n’était pas fait pour la voyageuse sans voiture que j’étais. Je ne tardai pas. J’ai dû rester maximum 25 minutes sur cette plage. Les vagues étaient hautes, la mer froide, j’étais lasse et avais envie de prendre une douche. J’avais aussi peur de ne pas arriver à l’heure pour rendre le vélo. On s’était donné rendez-vous à mon hôtel pour éviter que je revienne à pied. Délicate attention . Le retour se passa relativement bien.
J’avais juste mal aux fesses et de plus en plus de mal à m’asseoir sur la selle. Arrivée à l’hôtel, le propriétaire de “Cavalos na Areia” n’était pas là. J’attendis avant de l’appeler. Je n’avais pas compris sa réponse avant que le téléphone coupa. Je rappelai mais je tombai sur sa messagerie. J’attendis cinq minutes, puis toujours messagerie. Alors, je filai au domaine. Et c’était reparti pour 20 minutes de vélo. Seule la peur de ne pas rendre le vélo à temps me faisait avancer. Je le vis montant dans sa voiture et le hélai. J’avais de la” chance”, il s’apprêtait à rentrer chez lui. La batterie de son téléphone était HS d’où la messagerie. Il m’avait dit de laisser le vélo à l’hôtel donc inutile de revenir ici…
Je lui racontai mes difficultés. Comme par hasard, je m’étais trompée de chemin…
Il m’offrit une bouteille d’eau pour me désaltérer. En bon gentleman, il me ramena en voiture.
Quand je lui tendis les 15 euros, il regarda l’état de mes jambes et me dit :
– Non pas la peine, ça va aller…
30 km de galère en vélo tout ça pour se rendre à une plage à 16 minutes en voiture. C’est tout moi 🙂
○ Informations ○
Adresse : Cavalos na Areia, Estrada Nacional nº 261, Km 6 – Torre – Comporta, 7580-681 Comporta, Portugal
Site web : http://www.cavalosnaareia.com/cavalosnaareia/
À savoir : Comporta à Praia do Pego : 16 minutes en voiture, 2h26 à pied, 45 minutes en vélo en passant par la route. 15 € la journée, 10 € la demie-journée en vélo
Le chemin ensablé…
1 commentaire
Je suis très attirée par le Portugal, mais tout devient “fashion” jet set, bohemian chic !
Cet article est très intéressant, sur Comporta !
Mais comme je voyage seule, mon rêve ne sera pas accompli .